Vous savez peut-être déjà répondre à un recruteur qui pose cette question classique de l’entretien d’embauche : "Où vous voyez-vous dans 5 ans ?". Mais en étant totalement honnête, y avez-vous déjà vraiment réfléchi ? Votre projet est-il vraiment clair ? Découvrez 4 raisons de vous interroger sérieusement… et vite.
Très souvent quand on évoque la question "Où vous voyez-vous dans cinq ans ?", c’est à propos d’un entretien d’embauche. D’aucuns y verront une question piège. « Ce que le recruteur espère, avec cette question, c'est que vous vous voyiez encore dans son entreprise car un recrutement coûte cher et elle a envie de vous "rentabiliser" », explique la consultante RH Christel de Foucault. Pour l’auteure du guide Déjouez les pièges des recruteurs, c’est le moment idéal de montrer une saine ambition et d’anticiper sa future évolution sans pour autant griller les étapes. Mais évidemment, si vous souhaitez monter votre entreprise où prendre une année sabbatique, mieux ne vaut pas s’étendre sur le sujet. « Omettre ne veut pas dire mentir. Contentez-vous plutôt d'une réponse dans le genre "Dans cinq ans, j'espère que je serai encore dans votre entreprise et que j'y aurais évolué." » Mais il faut aussi savoir se poser la question pour soi.
1. Parce que c’est une question délicate
Pour en parler, elle convoque Abraham Maslow. « Il n’est pas évident de savoir ce que l’on veut, reconnut un jour le célèbre psychologue américain. C’est un exploit psychologique rare et difficile. » Nathalie Renard est d’accord. « Il est rare en effet de vouloir rester toujours au même endroit : lorsque nous avons acquis plus d’expérience, nous souhaitons évoluer, résume cette coach, co-auteure du guide Moi, leader. Pour plus de responsabilités. Ou pour explorer de nouveaux territoires. » Pour accompagner ses clients dans leur réflexion, elle leur propose un exercice simple. « Décrivez votre vie dans cinq ans, recommande-t-elle. Laissez-vous porter par les images, laissez-les vous raconter votre avenir proche. C’est un exercice que vous pouvez faire en plusieurs fois. Commencez par écrire sur une feuille blanche, laissez-vous porter par vos rêves, et même dormez dessus. Puis revenez-y, enrichissez votre histoire. Soyez aussi factuel que possible. L’histoire que vous allez raconter doit vous combler et vous enthousiasmer. »
2. Pour bénéficier de formations pour plus tard
« Il n'y a rien de malsain dans l'idée qu’un salarié, cadre ou non cadre, puisse un peu anticiper sa carrière au sein d’une entreprise », observe Guillaume Colein. Ce recruteur, directeur de Cabinet Victoire, note que les Français sont parfois un peu frileux sur le sujet alors que cette approche est bien vue dans les sociétés anglo-saxonnes. « À partir du moment où le salarié n'est pas perçu comme un opportuniste, c’est bien d'avoir un plan de carrière à deux ou cinq ans. Dans une dimension de partenariat et de confiance avec son employeur, il peut même en faire un moteur. Beaucoup d'entreprises participent à des financements de formation. C’est l’occasion pour un salarié de s’approprier des connaissances dont il n’a pas forcément besoin tout de suite mais qui seront utiles le moment venu. » Et si la mobilité espérée n’arrive pas, dont il pourra se servir ailleurs…
3. Pour développer son réseau
Mais voir à cinq ans, c’est aussi élargir son réseau, et généralement au-delà du premier cercle de ses collègues. « Le réseau à l'intérieur de l’entreprise est primordial, poursuit Guillaume Colein. Et pour voir loin, il ne faut pas se fermer aucune porte. » En pratique, ce recruteur invite les salariés à sortir de leur zone de confort. « Il est important d'être bien vu dans son secteur à l’extérieur, comme à l’intérieur de l’entreprise. C’est l’occasion, aussi, de provoquer des mobilités inattendues comme des opportunités dans des filiales par exemple. »
4. Parce que en se projetant, on se sent déjà plus apte
Si tout cela vous semble un peu vertigineux, c’est bien normal. Et salutaire, aussi. « Le fait de vous visualiser dans un nouveau positionnement renforcera votre croyance en votre capacité à faire quelque chose », rappelle Nathalie Renard. Si un salarié envisage un jour de monter sa boîte, il prendra alors le temps de se renseigner et de laisser mûrir son projet. Quant au salarié qui veut gravir les échelons, il aura ainsi une petite longueur d’avance. « Que ce soit pour cet objectif-là, ou un autre auquel vous ne pensez pas encore, vous regarderez différemment ce qui bouge autour de vous pour vous glisser en temps voulu dans le mouvement avec naturel. Sans arrogance ni trop de modestie. »