Evidemment qu’il y a un rapport. Non seulement le foot constitue, pour les deux millions de cadres qui s’y intéressent, un sujet de conversation incroyablement fédérateur, mais c’est une allégorie de la vie en entreprise.
Avec des vêtements plus courts, bien sûr, une moquette plus verte et des salaires légèrement différents, mais une allégorie pleine et entière. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les postes occupés sur le terrain : ils ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux de l’organigramme.
Le gardien de but : le visionnaire. Le seul personnage qui, sur l’herbe grasse, n’a que 180 degrés de champ de vision (uniquement vers l’avant). Seul au monde, souvent à moitié cinglé, il peut passer les trois quarts du match à chantonner bêtement dans sa tête jusqu’à se prendre soudain, comme un vilain rappel à la réalité, un SCUD dans la figure. Vous avez reconnu la R&D.
Le libéro (ou défenseur central) : le papa de l’équipe. Costaud, aboyeur, il doit à la fois faire preuve de rigueur, d’anticipation et de puissance vocale, ce qui en fait un joueur assez pénible pour ses coéquipiers… pour ne pas dire castrateur. Un vrai chasseur de risques. Dites bonjour au responsable de l’audit (ou du contrôle interne).
Les arrières latéraux : ils sont aux quatre coins du terrain. En attaque. En défense. Ils taclent. Ils centrent. À force de tout faire, et de répondre à toutes les sollicitations, les latéraux sont corrects partout et géniaux nulle part. Souvent coupables sur les buts encaissés, ils ne finissent jamais un match sans se prendre un énorme savon. Pas facile de bosser à la direction informatique.
Les milieux défensifs : des chevaux de trait. Chacun équipés d’une demi-douzaine de poumons, ils font leur travail de laboureurs avec dévouement, loin des caméras. Pas toujours choyés par la nature, leur utilité ne saute pas directement aux yeux, mais si on les enlève du terrain, l’équipe coule en trois minutes chrono. Un peu de respect pour le contrôle de gestion.
Le meneur de jeu (ou n° 10) : celui qui fait basculer le match (Zidane, Platini, Payet…). Libre, créatif, instinctif, il n’a aucune feuille de route, si ce n’est de casser la défense adverse et de faire chavirer les stades. Doté de talent et de folie, il joue sans réfléchir et c’est exactement ce qu’on lui demande. J’ai beau chercher… je ne vois aucun poste pour lui dans l’entreprise.
L’attaquant de pointe : un égo avec du pento. Puissant, légèrement bourrin, il court en bombant le torse, quitte à surjouer sa virilité (tatouages, crachats très vilains, etc.). Devant le but, il concrétise le travail de toute une équipe mais n’hésite pas, chaque fois qu’il marque, à se pavaner devant les tribunes comme s’il avait tout fait tout seul. Ah, les commerciaux…
Le coach : il reste sous sa guérite, à l’abri de la pluie et des jets de papier hygiénique, mais voit le jeu comme personne. D’une idée, d’une inspiration, il peut faire gagner la partie… ou la flinguer lamentablement. Vous pensez à quelqu’un ?
Le banc de touche : ils sont là. En short. En protège-tibias. Ils touchent leur salaire à la fin du mois. Mais ils n’ont aucune contribution sur le terrain. Coucou les RH.